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Comprendre l’obésité

L’obésité est une pathologie complexe et multifactorielle qui va bien au-delà d’un simple excès de graisse corporelle.

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Comprendre l’obésité

L’obésité est une pathologie complexe et multifactorielle qui va bien au-delà d’un simple excès de graisse corporelle.

L’obésité est associée à une inflammation systémique chronique…

Il a en effet été constaté que dans l’organisme des personnes obèses circulent continuellement des médiateurs de l’inflammation tels que le TNF-alpha et l’interleukine-6 et que leurs concentrations se normalisent avec la perte de poids. Il est reconnu que les tissus adipeux hypertrophiés sont une source de ces médiateurs et que ceux-ci, en retour, entravent la lipolyse et la perte de poids.

Une autre source récemment mise en évidence est l’intestin grêle, qui entre dans un état inflammatoire lorsqu’il est exposé à une alimentation à haute teneur en gras ; cette transformation pourrait précéder l’apparition de l’obésité. La consommation de fortes doses de lipides cause, au moins chez les animaux, une diminution marquée de plusieurs familles de bactéries du côlon, dont les Bactéroides et les bifidobactéries. La baisse de bifidobactéries est, à son tour, corrélée avec l’inflammation et l’endotoxémie.

Comprendre l'obésité, Qu'est ce que l'obésité

L’intestin, chez la personne obèse, n’est pas seulement dans un état d’inflammation mais est aussi une source de calories plus importante que chez la personne ayant un poids normal. La flore intestinale obésogène est apte à extraire plus d’énergie de l’alimentation que la flore normale. Il s’y produit également plus de fermentation. Si cette flore intestinale est transplantée à un hôte sain, la colonisation provoquera un gain de masse adipeuse.

Les cellules adipeuses sécrètent également des médiateurs appelés adipokines qui régulent la masse corporelle : plus les cellules adipeuses sont nombreuses, plus abondants seront ces adipokines et, notamment, la leptine (du grec leptos, mince), qui signaleront au système nerveux la possibilité de dépenser l’énergie emmagasinée et de ne pas en consommer plus. Or, les humains et les animaux obèses souffrent d’une résistance à la leptine. Le noyau arqué, situé dans la région médiobasale de l’hypothalamus, ne répond pas aux fortes concentrations de leptine circulant dans l’organisme de la personne obèse, si bien que celui-ci se comporte comme s’il n’y avait pas de surplus calorique. Limiter à la normale la consommation de lipides atténuerait ce phénomène. Cependant, en raison de son état de résistance à la leptine, la dépense et la consommation énergétiques d’une personne obèse tendent à demeurer dans un équilibre caractéristique d’une personne mince. De plus, l’exposition continuelle à de fortes concentrations de leptine est en soi une cause d’obésité, puisque les récepteurs hypothalamiques de ce médiateur tendent à diminuer en réactivité à la leptine, comme cela se produit dans le syndrome de résistance à l’insuline. Enfin, la barrière hémato-encéphalique tend alors à être moins perméable à cet adipokine.

Contrairement à l’opinion répandue que la leptine est essentiellement un stimulateur de la satiété et de la dépense énergétique agissant sur l’hypothalamus, il est récemment devenu clair que d’autres parties du cerveau régissant le plaisir de manger à jeun étaient inhibées par la leptine. Ce mécanisme, tout comme celui qui préside au maintien du surpoids, serait un trait conservé pour ses avantages pendant l’évolution : la leptine ferait maigrir en situation d’excès de lipides (modéré) mais ferait outre-manger en situation de disette.

Les prébiotiques, une classe de fibres alimentaires nécessaires au métabolisme du microbiote humain, sont doublement impliqués dans la régulation du poids : d’une part, ils augmentent la sensation de satiété, modulant les concentrations de médiateurs dérivés de l’intestin comme le peptide YY, la ghréline et le glucagon-like peptide-1 (GLP-1); d’autre part, des prébiotiques comme l’inuline et des oligosaccharides analogues ont une action anti-inflammatoire et régulatrice de la flore intestinale.

Pour être en mesure de brûler les calories en trop, la personne souffrant d’un excès de poids doit non seulement augmenter sa dépense énergétique mais également disposer de muscles capables de répondre adéquatement à l’effort. Des biopsies musculaires ont montré que, dans l’obésité, ce n’est pas le nombre de mitochondries — les centrales énergétiques de la cellule — qui est insuffisant mais leur rendement. L’exercice et la restriction calorique permettent, comme chez la personne saine, d’augmenter le nombre de mitochondries, Cependant, la respiration cellulaire demeure entravée, si bien que les enzymes de la pyruvate déshydrogénase et du cycle de Krebs, en amont, génèrent un excès de métabolites, et leur traitement est d’autant plus inadéquat qu’il dépend d’une conversion de la NADH en NAD+, opération assurée par la mitochondrie34. La respiration cellulaire est également entravée dans la graisse viscérale, chez les obèses, ce qui donne lieu à l’obésité abdominale. Selon des études sur des animaux, de tels dérangements mitochondriaux, au niveau hépatique, précéderaient la stéatose hépatique et l’insulinorésistance observées chez les personnes obèses.

Les graisses (et autres lipides), tout comme les sucres (glucides), servent à stocker l’énergie dans le corps. Les sucres fournissent une énergie rapidement utilisable, les graisses permettent de stocker beaucoup d’énergie dans peu d’espace. La graisse est stockée dans des cellules appelées lipocytes ou adipocytes. En cas de stock important, deux situations sont distinguées : le surpoids (les adipocytes stockent de plus en plus de graisse et grossissent) et l’obésité (lorsque les adipocytes arrivent à saturation, ils se multiplient).